Critique Littéraire
- Antonio Cançado Araujo

- 29 oct.
- 2 min de lecture
Le Petit Garçon qui rêvait de Pão de Queijo
Un essai sur la mémoire, le goût et l’écriture de soi
Dans Le Petit Garçon qui rêvait de Pão de Queijo, Antônio Cançado de Araújo compose un récit qui, tout en étant profondément personnel, parle à chaque lecteur. À première vue, le titre paraît simple, presque naïf, mais il s’avère très vite être la porte d’entrée d’une réflexion plus vaste sur l’héritage, la résilience et la transmission.
La base de cette narration est une image sensorielle : le pão de queijo. Plus qu’une spécialité du Minas Gerais, il apparaît comme un symbole de continuité, un fil d’argent entre le passé et l’avenir. Le geste de la mère, qui note la recette vingt ans avant la naissance du fils, devient le point de départ d’une histoire qui résiste au temps, traverse la précarité et se transforme en projet de vie.
La force du livre réside précisément dans ce pari sur le quotidien. Il n’y a ni exploits héroïques, ni batailles grandioses, ni personnages épiques. Il y a, en revanche, une recette, un bout de papier conservé, une odeur de cuisine qui évoque l’enfance. C’est de cette simplicité que naît la littérature : du geste intime qui, raconté avec sincérité, acquiert une portée universelle.
Le pão de queijo, dans le livre, est à la fois métaphore et matière concrète. Il représente aussi bien le lien entre l’enfant rêveur et l’adulte qui se reconstruit, que la capacité de transformer l’absence en création.
Araújo ne s’arrête pas seulement aux difficultés le chômage, les jours sombres, le manque de perspectives , il montre comment de ces épreuves peut naître une réinvention. En ce sens, écrire, c’est résister. Se raconter, c’est aussi se sauver.
Ce qui surprend, c’est la manière dont ce récit intime s’ouvre à l’universel. Chaque lecteur peut y reconnaître son propre pão de queijo : un souvenir, une saveur, une musique, une image capable de redonner sens à la vie. Le “je” de l’auteur devient un “nous”, résonnant en chacun de ceux qui ont un jour tenté de se reconstruire à partir d’une mémoire.
En fin de compte, Le Petit Garçon qui rêvait de Pão de Queijo laisse un message clair : il n’est pas nécessaire d’accomplir des exploits extraordinaires pour qu’une vie mérite d’être racontée. Il suffit d’un geste simple, d’un héritage modeste, d’un fragment de mémoire. C’est dans ce territoire en apparence humble que se cache la force de la littérature : celle de transformer l’intime en universel, la fragilité en puissance, le souvenir en avenir.

Cristina Reishf - Fjord , Cercle Arctique







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