De l’escalier Selaron aux marches du Palais
Le très fameux escalier qui porte son nom dans le quartier central, historique et bohème de Lapa, à Rio de Janeiro, fut l’œuvre fameuse de sa vie – et de sa mort, sur place : Jorge Selaron pourrait devenir un personnage de légende à la faveur d’un film inspiré de son destin, qui baignera « dans une esthétique surréaliste », ambitionne Andres Schaffer, auteur de ce projet en développement qu’il est venu présenter au Marché international des Programmes de Télévision, à Cannes.
Dans ce long métrage qui pourrait être décliné en série, il sera aussi question de l’assistant de Selaron, devenu « son ami, son fils, son père », raconte avec émotion l’auteur, Argentin installé depuis quinze au Brésil qu’il considère désormais comme son pays – et dont il évoque donc un autre non-Brésilien, chilien en l’occurrence, dont la création plastique urbaine est devenue une des cartes postales de Rio.
Fernanda Lomba, productrice du futur film sur Selaron, est aussi venue au Mip avec un deuxième projet, très personnel, centré sur un personnage totalement fictif celui-là : une Brésilienne noire, ou Noire brésilienne, ou Afro-brésilienne comme on ne disait pas alors, dans les années 1970 où est située l’action. La foi au cœur et l’ambition chevillée au corps, Fernanda n’entend pas surfer forcément sur une vague médiatiquement porteuse, mais faire entendre une voix en résonance avec sa propre expérience, fut-ce en voyageant dans un temps (pas si) lointain qui n’est pas de sa génération, avec le désir de travailler sur la problématique de l’objet qui devient sujet ; un travail en profondeur pour offrir du sens, et pas seulement des images bien léchées.

C’est une production brésilienne que les Emmy Kids Awards ont consacrée au Mip : « Viva a Diferença », produite par Globo, écrite par Cao Hamburger et dirigée par Paulo Silvestrini.
Une autre était en compétition, « A Grande Viagem », voyage qui commence dans une armoire à explorer le temps, dirait-on pour paraphraser le titre français du film sur la fameuse « Time Machine » de Wells. C’est aussi l’histoire, derrière la caméra, d’une rencontre ayant sa source à Gullane, une grande société de production basée à São Paulo, où se sont rencontrés Rui Pires, producteur, et Caroline Fioratti, alorscinéaste débutante. Leur duo a continué avec Aurora Filmes, la société que Rui Pires a créée. S’est levée avec elle l’aurore de la carrière de Caroline Fioratti.
A l’origine, A Grande Viagem était un court métrage produit par Aurora. La confiance continuant de régner, Rui Pires va produire un nouveau long métrage de la réalisatrice à succès de « Meus quinze anos », en qui il voit « une des futures grandes réalisatrices brésiliennes ». Ce film évoquera avec gravité le destin et les conditions de vie dans leurs condominiums, en semi-liberté de fait – ou en semi-prison consentie -, d’adolescents de la classe moyenne supérieure.

Doublettes de doublage. Par quel effet dénombrait-on plusieurs entreprises de doublage parmi les pourtant peu nombreux participants brésiliens au Mip ? Les représentants de deux d’entre elles, Dubbing Compay et Up Voice, établies dans le pôle créatif de Campinas, n’avaient pas de réponse à la question. Mais ce qui est certain est la demande toujours plus grande née de la multiplication des programmes, venus de la télévision « et aussi de Netflix » et d’Internet, précise Renato Somera Filho, chargé de projet de Dubbing Company. Les temps ont bien changé, rappelait-il, depuis le premier doublage national. C’était en 1938, « celui du « Blanche Neige » de Disney » indique Jose Gustavo Souza, patron de Dubbing Company (à découvrir sur https://www.youtube.com/watch?v=PcRaWXeH8og). Par la suite, le public brésilien fut longtemps habitué à lire des sous-titres, au cinéma plus qu’à la télévision, jusqu’à la fin du siècle dernier alors que, par exemples, Français et Italiens n’étaient plus obligés de les lire depuis déjà longtemps. Mais comme tous les publics du monde, les Brésiliens préfèrent le doublage aux sous-titres.

Quel est l’accent brésilien standard, celui des doublages ? « Il est neutre » répond Roberto Ciantelli, patron de Up Voice. Contrairement à la France, où l’on moque volontiers les accents régionaux mais où les accentuations parisiennes relèvent de la normalité nationale, c’est un R « ni carioca ni pauliste » qui a la préférence (obligatoire) des doubleurs ; un accent neutre, donc, qui n’est d’aucun Etat en particulier. Au Mip, où elle disposait d’un stand joliment aménagé, Up Voice, qui met en avant son travail avec un logiciel primé d’un Emmy Award, s’est fait fort de mettre l’accent, au sens figuré, sur son positionnement technologique avec une visite guidée de l’entreprise en trois dimensions. A suivre sur UPvoice.com.br

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